CARIBOO!?
Cancoillotte et Belfort-Blues...
Oursin n.m.
Animal marin à test calcaire globuleux, couvert de piquants mobiles.
[Jerry's been with me today.
He's on the radio.]
Comme un gosse...
Musique m'a sauver mon ouikaide...
Samedi, quatorze heures.
Levé péniblement à midi, le cerveau encore embrumé du martellement gojiresque. Douche qui permettra à peine de me rincer l'esprit. Achat de chaussures, le centre ville de Belfort le samedi à treize heures trente n'a d'équivalent que la désolation d'une steppe ukrainienne après le passage d'un nuage radioactif. Plâtrée de nouilles.
A ce moment précis, la vision d'un week-end pourri se précise : après-midi repassage, soirée DVD, dimanche brumeux, parler à mes seules plantes (leur conversation, bien qu'agréable, reste assez limitée). Attendre sagement à côté de son téléphone afin que celui-ci sonne est rarement efficace.
Dès lors, partir sur les routes de la comté pour promouvoir une compilation de groupes locaux chez l'affable commerçant bizontin apparaît comme le plus doux des programmes. Moults déconnages, collage d'affiches partout où la nature nous offre une surface plane et verticale suffisante (la tronche de Florent Pagny se révèle un terrain d'affichage particulièrement jouissif).
Ca s'est fini sur un concert de cht'its groupes comtois, perdu au beau milieu du Doubs. Y'a pas à dire : voir un bon groupe bien pourrave, de temps en temps, ça permet de remettre les choses en perspective. Les arpèges qui dégoulinent, les textes anti-bush tellement pertinents, le son de guitare proche de celui du grille-pain. Et la bonne vieille baston en marge du concert. Il m'a semblé avoir fait un bond de dix ans en arrière, les soirées du lycée, les crétins alcoolisés, la hype abhorrée. Merde, je suis vieux.
Ah oui, Cariboo a un an et treize jours, j'avais oublié.
An evening in Hell...
La suisse, l’autre pays du métal ? Les stéréotypes fromagers ou financiers sur les Suisses ("on va passer la frontière, faites semblant d’avoir l’air riche") sont tenaces en Franche Comté. Il va nous falloir une heure trente pour arriver à la Chaux de Fonds. J'y accompagne mon batteur et sa copine, pour une affiche qui promet son pesant de plomb fondu dans les oreilles. Une certaine gêne est perceptible, l’ambiance de franche déconnade et de partage semble altérée, va comprendre pourquoi. Rien n’est jamais parfait.
Une heure trente de route, donc. Pas de l’autoroute, non, du petit chemin de montagne, jonché de pierres qui appuient la signalisation avec un certain sens de l’à-propos. Du brouillard épais, du crachin. L’impression d’aller taquiner la fin du monde.
Parce que c’est là qu’il est, le bikini test. Au bout du monde. La salle n’est pas pleine, loin s’en faut. Le suisse est accueillant, chaleureux, vous propose un slam avec le sourire. L’assistance est trop clairsemée, non merci.
Nostromo et Gojira, deux groupes introuvables sur Allmusic, c’est dire leur haut degré d’undergrounditude. On a terminé par Nostromo, à qui de vilains garnements on dérobé tout le matériel il y a peu. Batterie de récup’ (du DW quand même), exit la guitare rose, et malheureusement exit aussi la patate. Pour un groupe qui marche uniquement à l’énergie, la baisse de forme est fatale. On les sent un peu ronflants, bien assis sur leurs lauriers, sans la hargne des débuts. Tant pis.
Mais Gojira, mes amis. L’apocalypse, la fin du monde. Un déchaînement total, suivi de passages monolithiques, groupe stoïque, déchaînant l’intensité sans faille de titres atypiques. Et assurément le batteur le plus spectaculaire qu’il m’ait été donné de voir,Mike Portnoy, tu peux aller te rhabiller.
A côté d’un set de batterie intelligemment constitué, trône une tour métallique, rectangulaire, ornée de signes cabalistiques, dont il se sert pour illustrer certains interludes de percussions sylvestres. Et de le voir donner tant d’énergie, secouer la tête plus que nous tous réunis. Il lui est impossible de s’arrêter entre deux morceaux; pire qu’un rassemblement de guitaristes.
Les autres membres du groupe ne sont pas en reste, et l’alchimie gojiresque, difficile à retranscrire, prend vie.
Rentrer at home, il est 3 heures, seul mais pas vraiment. Je m'en remettrai demain.
Dans cette petite salle, au fin fond du bout du monde, j’ai vu les esprits de la forêt se déchaîner.
Indians, on the radio.
C'était à l'aller, le crépuscule couvert de moutonneux nuages. Vingt heures cinq, France Inter, la litanie de la météo marine. Variable de sud dominat force 1 à 3. Mer peu agitée à agitée vers le large.
C'était au retour, Shy away, Shy away phantom, disait Maynard. Les moments face à soi-même, oui. Des vents de force 1 à 10, des mers calmes à très agitées. Fluctuat nec mergitur.
Petites contrariétés...
Ca commence à l'arrivée au bureau...
"Cariboo,
MERCI de laisser aux hiérarchiques blablablabla..."
Bref, ne fais pas le boulot de ton chef sous prétexte que c'est une burne, ça serait trop facile. En bref, évite de prendre les initiatives qui ne sont pas de ton ressort, parce que ça fait de l'ombre à ceux qui auraient du les prendre. Ca fait mal au cul.
Dix-huit heures. Je m'apprête à quitter la Firme, tout excité à l'idée d'aller m'acheter un vélo flambant neuf chez Décathlon, déplacements citadins, promenades estivales, vélo qui remplace le bus dès le matin, bref, tout ce qui est nouveau est beau. Le téléphone d'un collègue sonne. Je sais, à cette heure-là, il y a 95 % de chances que çe soit une merde... Et bingoooooooooo! Ca pédale dans la semoule. N'écoutant que mon courage et mon abnégation, je prends l'initiative (aïe) de rester par pur plaisir jusqu'à ce que ça soit réglé. Dix-neuf heures cinquante : la déliverance. C'est râpé pour mes fantasmes cyclistes.
C'est pas grave, on a son sac de sport, on a son sandwich jambon-emmental, on a un quart d'heure devant soi avant l'entraînement. On fait tomber son cornichon sur sa belle chemise, forcément, la conduite jambon-emmental n'a jamas été enseignée dans les auto-écoles. On se gare et sur le chemin du vestiaire on croise le prof de tennis : "Ben on n'avait pas annulé la semaine dernière? T'es le seul à être venu...". Non, on n'avait pas annulé la semaine dernière. "Ah ben ouais, mais forcément ce soir y'a match alors bon...". Bref, les autres ont dû préférer leur canapé-bière-foot, ça c'est du bon sportif francomtois. "Et puis je viens de jouer deux heures, je suis mort."
Non, pitié, prof de tennis, sauve cette journée, bon, d'accord, je n'ai pas sauté sur une mine, la grêle n'est pas tombée sur mon vignoble, [insérez ici une horreur de votre choix]. Mais j'ai droit à un petit truc sympa, quand même. "Bon, une demie heure alors".
Ah le salaud il me l'a faite payer ma demie-heure. Mes pains furent nombreux mais souvent vains. Le prof de tennis a ceci d'agaçant, c'est de vous faire courir dans tous les sens, et tiens une amortie par-ci, et pan un parpaing sur ton revers par-là, le tout accompagné d'un rire sardonique inquiétant.
Forcément en rentrant dans la pénombre du vestiaire, je n'ai pas manqué de me massacrer la cuisse droite sur le coin d'une table qui passait par-là. Les feux tricolores qui avaient oublié le vert. Plus de lait au frigo.
J'aime bien les petites emmerdes, c'est vivifiant.
The best part of it.
Voir le bon côté. C'était ce matin, le marché des Vosges, prendre contact avec les vrais gens, acheter un tournedos, un poivron. Prendre un café avec Tonton Stéphane, dans un troquet quelque peu miteux mais authentique. Rentrer sous le soleil, se faire à manger, du beurre d'ail, des petits pois.
Oui, garder ça. Et "Blackwater Park", aussi. On the radio, tant pis pour vous.
Demons in hiding.
Oops. Ils sont de retour. Je les observe, au loin, cachés derrière un buisson.
C'est le goût du sang dans la bouche, assis sur un banc de mon square, bouquin en main, parcourant les pages sans savoir ce qu'elles racontent. Cerné de bambins qui jouent sous l'oeil attendri de leurs parents.
Les larmes au volant, avec "Judgement", souvenirs du passé et du futur.
Questions sans réponse, imperfections exacerbées, désir d'être quelqu'un d'autre. Trou béant dans l'estomac, l'image du manque.
"And the times when we were young
When life seemed so long"
Anathema - Judgement (on the radio)
Mais c'est pas grave, Sochaux a gagné.
Two sides to every story.
Il y a des soirs qu'on aurait mieux fait de ne pas vivre. Ou pas. Rencontrer des gens fort bien qu'on n'aurait même pas croisés sans ces écrits futiles. Se faire caca dessus sur une scène. Et puis aller mieux, et puis mieux, et puis encore mieux après.
Mais qu'est-ce que je fais encore debout à cette heure-ci, moi??
An I think to myself... what a wonderful world.
C'est presque inquiétant, ce calme sibyllin. C'est être à peu près rassuré sur les mois à venir, c'est savoir qu'on va toucher le pactole pour son déménagement, c'est avoir l'impression de maîtriser la situation, avoir des envies, toujours, de musiques, de gens, de voyages.
Il est vingt-deux heures, hier, dans mon char, je rentre de Saucisseville, je suis allé taper dans la baballe jaune. Elbow joue "Any Day Now", et c'est beau. Je me remémore cette année, puis celle d'avant, puis celles d'avant encore. Je me souviens de smoments où j'en ai chié des ronds de chapeau avec un petit sourire en coin. Je me souviens du tas de choses jolies qui me sont arrivées, des gens, des musiques, des voyages encore. Des Montréal, des ouikaindes avec des z'amis, des concerts, sur ou devant la scène. Des Italie, des New York, des Corse, des Espagne. La putain de vie de rêve que j'ai, quand même.
Le soleil joue sur mes neurones, c'est une évidence. Ca va bien, alors on ne va pas s'en plaindre. Ca va tellement bien que ça ne va nulle part. "Ce qui compte, c'est le voyage, pas la destination". Peut-être. Mais j'ai toujours l'impression que je pourrais faire quelque chose d'autre, quelque chose de mieux, quelque chose qui compte. Il faut le temps que ça mûrisse.
J'ai presque le temps de vivre.
Bilan pascal.
Trois jours sans rien d'excitant ou presque. Deux petits bouts de concert à me mettre sous la dent, un peu de ska par-ci, un peu de rockabilly par-là. Un ciné je-soutiens-la-production-française-qu'est-pas-si-mal (Agents Secrets)
C'était en fait le moment de reprendre pied. Le faire matériellement, pour donner de l'assise au reste. Nettoyer son chez-soi, faire à manger pour soi tout seul, repasser le mois de linge froissé en retard. Ranger mes effets personnels, prélude au rangement de mes pensées. Connaissez-vous cette impression, en posant votre fessier sur le canapé après une frénésie de rangement-nettoyage, que tout est possible ? Que la page est blanche, que votre passé est bien solide et ferme et que tout sera beau ?
Bon, il reste plein de pain sur la planche. Du boulot en veux-tu en voilà, douze milliards de sujets à solder avant liquidation définitive le premier septembre. Des rendez-vous musicaux, les Four Horsemen au Parc des Princes, les Eurockéennes, le Graspop si pas tout seul. Un gros festival européen estivalier, s'il se trouve une âme charitable pour m'accompagner. Des vacances, peut-être loin, peut-être pas. Peut-être pas de vacances du tout.
Trouver un appart à Paris, parcours du combattant, déménager avec toutes les merdes que cela entraîne. Retrouver mes marques, professionnellement, personnellement. L'arrivée du bonheur béat n'est pas prévue avant 2005.
Là, on n'est pas trop mal, assis sur un banc, dans son square attitré, un peu de vent frais, un peu de soleil, quelques enfants qui jouent, quelques pages de Dantec et Stefano Bollani dans les oreilles (on the radio).
Mais qui sait.
Livrons-nous à un petit questionnaire pascal, même si j'avais honteusement raté le premier...
1. Quel patronyme, appartenant un à un personnage de fiction, auriez-vous aimé porter ?
Eric Draven. Cf question 3.
2. A quel(s) détail(s), à priori infime(s), vous apercevez-vous qu’une de vos fréquentations devient une vraie amitié ?
Je dirais à la première discussion au bout de la nuit sur le sens de la vie, mais ça n'est pas un détail ultime...
3. Vous est-il déjà arrivé de trouver un livre/film vraiment super, et puis, en le relisant/revoyant quelques années plus tard, de vous rendre compte qu’en fait c’était vraiment pas terrible ?
J'ai vu "The Crow" une bonne dizaine de fois durant une adolescence troublée... Impressionné par l'atmosphère désenchantée du film. Je connais la moitié des dialogues par coeur. "I'm not Skank... Skank's deead!" L'ai revu il y a quelques mois, téléchargé sur quelque réseau P2P. Déçu. Relativiser les souvenirs dorés du passé ou les garder tels quels, cristallisés par les années? Dilemme...
4. Vous restez combien de temps en apnée ?
Moins d'une minute, le volume de ma cage thoracique est loin d'être mon point fort...
5. Si vous touchiez une rente, à partir de quelle somme mensuelle vous arrêteriez-vous de travailler (dites c’est plus ou moins que ce avec quoi vous vivez) ?
2000 euros. Pareil qu'aujourd'hui. Mon style de vie me convient parfaitement, je n'ai pas de rêves de grands fastes, juste quelque chose de différent... Evidemment si c'était plus, je saurais quoi en faire...
6. Ah, “Un jour sans fin” ; que c’était bien ce film... Et vous c’est quoi le jour de merde que vous aimeriez vivre et revivre jusqu’à le transformer en une journée formidable ?
Je me souviens particulièrement d'une journée de merde. La voilà, c'était le 20 mai. Malheureusement, si je la revivais sans cesse, je ne pourrais absolument rien faire puisque les gros morceaux de caca étaient des conséquences du passé...
7. Vous connaissez combien de gauchers ?
Personnellement, au moins trois, puisque je suppute en connaître plein d'autres sans le savoir. Un prof d'histoire de troisième, qui nous racontait qu'avant on frappait les gauchers qui s'obstinaient à utiliser "la mauvaise main". Et puis G. et M., curieuse coïncidence. Non, je ne sélectionne pas que des gauchères.
8. A la fin de chaque année (scolaire ou autre) on dit tout le temps que c’est passé super vite. Y a-t-il eu une année de votre vie qui soit passée super doucement ?
La CM2, dont j'aurais largement pu me passer. Un prof au bord de la retraite qui avait le dynamisme d'un bivalve. Me suis bien fait chier cette année-là.
9. Avez-vous une petite manie dont vous pensez, à tort ou à raison, qu’elle vous rend sympathique aux yeux de votre entourage ?
Je ne vois pas ce qui peut me rendre sympathique, mais c'est encore mon amour-propre débordant qui parle. Je dirais qu'arriver chez des amis et m'emparer illico-presto de l'appareil sonore le plus proche pour leur faire écouter mes dernières trouvailles. C'est de la dictature musicale, certes.
Non, ceci n'est pas un post d'amours compliquées, de lacrymale lamentation ni de "ouah, j'ai vu les Flagada Troopers Goodwill et Compagnie en concert, c'était trop d'la balle atomique". Mais ce truc m'obsède.
C'était dans mon esprit depuis un moment. J'en parlais souvent à mes parents, leur faisant comprendre qu'ils ont vécu une période dorée, parenthèse enchantée de confort matériel, d'insouciance, d'absence d'épée de damoclès. "Ton boulot ne te plaisait pas? Tu allais voir ailleurs" me racontaient-ils. La guerre était derrière eux, on ne parlait pas de terrorisme, de pollution, de surpopulation. Que notre génération, en plus d'être sans illusions et sans impression de pouvoir changer le monde, était en sursis.
Ca avait pris forme dans ma tête lors du week-end lyonnais de mars. Le "Journal de la Décroissance" que m'avait apporté Mimi. La croissance à tout prix, présentée comme seule chance de salut de nos économies, la consommation présentée comme le saint graal qui nous sauvera tous du marrasme. Mais chaque kilomètre parcouru, chaque lampe allumée, chaque note de musique écoutée se fait au détriment de notre chère planète. A chacune de mes actions de petit consommateur modèle, j'avais l'impression d'arracher un bien précieux des entrailles de la terre pour en faire un feu de joie.
Mais après avoir lu un article similaire à celui-ci dans Le Monde du 2 avril, Cariboo il a dit bon, maintenant, qu'est-ce que tu fais ? Tu restes là à attendre que ça se passe ? Tu te contentes de dire qu'on va droit dans le mur sans rien changer à ton comportement ?
Dans dix ans, voire vingt pour les plus optimistes, le choc sera d'une ampleur gigantesque. La récession, la dépression, voire pire (mon batteur entretient sa condition physique "parce que dans vingt ans ça sera la guerre civile et il faudra être prêt"). On préfère nous parler du voile islamique, de la dernière télé-reallyshit de M6, de Raffarin 3. Des syndicats qui prônent "une hausse des salaires pour relancer la consommation", ben tiens, allons-y gaiement. Voire des chiffres de la pollution en 2004, catastrophiques "parce que la Chine et l'Inde s'y mettent" (France 2, Télématin, sic). Ah ben ça, nous on a le droit de polluer, puisqu'on a commencé avant vous.
Alors Cariboo, qu'est-ce que tu fais ? Tu feras gaffe à pas jeter les ressources par les fenêtres, à éteindre tout ce que tu peux éteindre, à économiser tout ce que tu peux économiser.
Et puis tu vas bosser en bus, il faudra te lever un peu plus tôt, ça te coûtera à peine plus cher, ça sera un peu plus long, tu seras moins libre de tes horaires. Tu es un jeune cadre dynamique, tu as une jolie voiture, t'es un peu con, là. Mais au moins tu seras un peu cohérent. Ca n'est pas suffisant, tu le sais. Tu as vécu depuis la naissance dans l'opulence matérielle, tout ce confort est normal pour toi, c'est un peu ridicule ces petites résolutions à deux balles. Et puis tes petits "efforts" ne servent à rien. C'est vrai.
Et dire que je bosse pour le Grand Satan de l'Automobile Galopante. Penser à démissionner.
"You know its been on my mind
Could you stand right there
Look me straight in the eye and say
That it's over now"
Quand elle ne peut pas donner tout ce dont elle serait capable. Quand moi non plus.
Quand je ne suis pas sur les montagnes russes dont je suis capable. Quand elle non plus.
Le plus terrible, c'est de se sentir si bien ? deux, mais de savoir que ?a ne suffit pas.
Alors mieux vaut stopper l'entre-deux.
"You know its been on my mind
Could I stand right here
Look myself in the eye and say
That it's over now"
Alice in Chains - Over Now (on the radio)
Mercredi, vingt heures trente.
La séance de « The soul of a man », blues-documentaire bien senti puisqu’il laisse totale liberté de parole à la musique, va commencer. Les programmateurs ont eu la bonne idée de faire précéder la projection par un mini-concert donné par quatre bluesmen comtois. Durant le blues-historique présenté par un vendeur de la fnac certainement très averti mais charismatique comme François Hollande au réveil, leur guitariste ne peut s’empêcher de jouer. Il n’y peut rien, c’est dans le génôme de tous les guitaristes.
Franche déconnade avec A., mon batteur et mon gratteux. Ce dernier nous annonce qu’il ne pourra assister à la répète prévue ce jeudi soir. Ses prochains déplacements professionnels nous font envisager de reporter ça à bien trop loin.
« Guitariste - Non, demain soir, c’est vraiment pas possible, trop de boulot.
Moi - Demain soir, demain soir… et tu fais quoi demain matin ?
Guitariste - Ben… je bosse à partir de huit heures.
Batteur – Moi je dois partir au boulot à sept heures pétantes
Moi – Bon, on commence à cinq heures, alors ? »
Forcément, tout le monde est d’accord. Oh la bonne nouvelle : faire un truc aussi débile, ça veut dire qu’on n’est pas prêts d’être vieux. Avant de se quitter, on se répète que celui qui arrivera en retard aura fait se lever les deux autres pour rien et qu’on le pourrira à vie. Je suis déjà sur les rotules depuis plusieurs semaines. Tant pis, bordel.
Jeudi, quatre heures quinze.
Le réveil sonne. Je nous maudits : mais comment peut-on décider un truc pareil ?. Impossible de s’extirper du lit. J’imagine deux secondes le tableau : tous les trois la tronche enfarinée, crevés mais souriants, jouant nos morceaux à l’aube. C’était tout ce qu’il me fallait pour me sortir du lit. Douche, sac, étui, cookies, c’est parti.
Arrivée à la caserne (notre local est situé dans la caserne de notre guitariste).
« - Euh, je viens voir le sergent R., on va répéter au local musique…
- Ah, c’est vous. (lourd de sous-entendu) »
Batteur pas là. Je l’appelle. Il décroche, mais met une éternité à dire allô. Je crains le pire : genre je l’extirpe des bras de morphée. Non, tout va bien, il monte dans sa voiture.
La première demie-heure n’est pas de prime fraîcheur, mais le Moment est là. Dernier morceau joué, mis en boîte alors que dehors, le soleil se lève.
Le meilleur est à venir : dix minutes au comptoir d’un troquet de la vieille ville, café et croissant. Echanger quelques mots avec la proprio, discuter des réserves mondiales de pétrole, le tout avec un sourire banane.
Je vous ai déjà dit que vous alliez me manquer, les mecs ?
Je ne sais plus d'où est venue l'idée, mais elle avait certainement pris racine lors de la rencontre originelle, alors que nous discutions des disques que nous avions honte de posséder (Monsieur KMS n'avait pas tardé à nous avouer sa passion pour Jean-Patrick).
Bref, non, je ne suis pas un lâcheur. Juste un peu lent et dépassé par les évènements.
Alors la voili, la voiloù, la promise et la tant attendue des foules en délire, la Radioblog du Premier Avril.
1. Commençons par le très attendu césar du groupe "Ridicule". Non, le flutiau médiéval n'est pas mort, voici "Stille Volk", souvent décrit par les magazines de hard comme du "Folklore Pyrénéen" (mais que viennent-ils foutre dans les magazines de hard, me direz-vous? Eh bien parce que distribués par Holy Records, pardi!). Je parlerais plutôt de "soupe de paroles pseudo-païennes saupoudrée de boîte à rythme à trois francs". Les "Orgassssme Telllllurriquuuuuuuah" achèvent chaque fois de me mettre par terre.
2. Dans la catégorie "Reprises Débiles mais Jouissives", j'ai nommé Beatallica. Le plus impressionnant étant la ressemblance entre la voix du chanteur et celle de James Hetfield. Ecoutez-mois ces "eeeeuuuuuaaaaah" à chaque fin de phrase.
3. Un grand classique du groupe qui manie la dérision de main de maître, voici Anthrax. Un premier titre, "Milk", en fait une reprise de S.O.D. (projet parallèle de Charlie Benante, Dan Spitz et Billy Milano). A suivre absolument avec les paroles. Ici, c'est Joey Belladonna qui vit une aventure domestique palpitante ...
4. Poursuivons avec AC DC. Ah, Bon Scott. Pourquoi t'es mort, dis ? Evidemment, avec Bryan Johnson, on peut toujours se gratter en attendant un texte aussi "fin"... "Big Balls", chef d'oeuvre de double sens, à suivre aussi en version originale...
5. Nous arrivons ensuite dans la catégorie "Oui, j'ai un album de lui et je l'assume (à peu près)". Voici Johnny, sur un best of acheté lors d'un instant de faiblesse montréalaise, l'envie d'un bout de franchouillardise... "J'la croise tous les matins", quand même, si on enlève les arrangements goldmaniens, c'est pas si mal...
6. Anthrax est de retour, pour une parodie de ballade cette fois. "N.F.B. (Dallabnikufesin)", ou "Nisefukinballad" pour les non-obsédés du palindrome. Composée en quinze minutes aux dires de ses auteurs, elle regroupe tous les clichés de la ballade, paroles sirupeuses et solo dégoulinant en prime. Et surtout, restez attentif jusqu'au bout...
7. Enfin, pour terminer, je décerne l'oscar de "L'intro black metal la plus drôle" à impaled Nazarenne, le plus grand groupe finlandais de black punk metal au monde. "I am the killer of trolls"... qui se passe de commentaire, et qui finira de vous achever par une minute cinquante de tuerie.
Voilà voilà, chose promise chose dûe. Vos votes sont les bienvenus... Promis, l'année prochaine, je me tiendrai à la thématique "heavy metal kitsch", et Dieu sait si Europe et Mercyful Fate font déjà matière...