CARIBOO!?
Cancoillotte et Belfort-Blues...
Les ingrédients sont simples. Un peu d'art culinaire, un bon film en V.O., une guitare, de grasses matinées, un brunch dominical, un bon bouquin, une ballade champètre. Rien d'extraordinaire, en somme. Mais de bons moments, simples et rassurants.
Cinq amis, tous très différents les uns des autres. Le vécu avec chacun est conséquent, beaucoup de joies et quelques moments de tourmente partagés au fil des ans. Je suis loin, mais ces cinq-là se sont trouvés, hasard salutaire, sur les berges de la Saône. Et le ciment de prendre, de week-ends flanvillois en week-ends rhodaniens, journées réconfortantes et douceur de vivre.
En être témoin, y participer. Poser le pied sur ce ciment encore frais, y laisser son empreinte et s'appuyer dessus pour voir un peu plus haut. Merci à vous, encore.
Rentrer à Flanville, y être un peu esseulé car entouré de trop peu d'êtres de chair, mais de désirs d'accomplissement divers et variés qui remplissent un vide certain.
My time will come.
Nightmares come to pass.
Réveil. Yeux ouverts face au plafond blanc. Difficulté à démêler la réalité du rêve. G. est là. M. est là. Un indendie. Coincés à l'étage, flammes qui se rapprochent.
Celle qui partagera ma vie prochainement est là, aussi. Je ne vois pas son visage, tout juste ses cheveux noirs et courts. Accident de voiture. Elle est partie.
J'aurais préféré rêver de lucioles colorées...
Brunch!
Ce matin, une météo dégoulinante arrose mon trajet jusqu'à la Firme. Hier, ces cieux magnifiques me promettaient une journée enthousiasmante. Joies des départementales matinales.
Good times, bad times. Deja-vu all over again. Perspective des fêtes de fin d'année, sapins et guirlandes clignotantes dans tout le supermarché. Je tente bien le regard de braise au rayon charcuterie, mais rien n'y fait. Ca n'est pas grave.
Je n'aurai pas le temps de respirer d'ici janvier. Bonne nouvelle. Activités diverses et variées, chaleur de week-ends entre amis, musica bien sûr, baballe jaune aussi, et le reste d'imprévus qui feront que je me réveillerai en 2004.
Demain soir, je serai loin de Flanville, trépignant d'impatience devant une salle obscure alors que Mimi sautera dans tous les sens. Ca doit faire au moins deux ans qu'elle en parle, de Kill Bill. Il y aura du Pitch, du Gab, du Isa. Il y aura encore beaucoup de manger. De siestes et de promenades dans le Beaujolais. De rires et d'échange.
Soon I'll feel good.
Lundi, 19 heures 04 : Jammer avec son batteur sur du Medeski Martin and Wood et du Julien Lourau, même si lapin posé par guitariste. Batteur ayant la bonne/mauvaise idée de nous faire jouer sur «The Spirit Carries On », à jamais vissée dans le top des chansons qui me font pleurer les yeux. Ca s’est un peu vu.
Lundi, 22 heures 25 : Sur la route du retour, écouter "I am the Highway", par Audioslave. Album acheté l’hiver dernier, juste après Apocalypse I. Il est toujours là, après Apocalypse II. Il collera toujours aux rues désertes et aux pensées idoines. Rentrer, recevoir un petit coup de fil qui fait du bien/du mal. Ils sont là, mais si loin.
Mardi, 12 heures 00 : Aller en « réunion qualité bimestrielle », qui ne sert à rien sauf à essayer de bien figurer auprès du Grand Manitou. Objectif explosé. Dites, chef, vous penserez à ma mutation loin loin loin d’ici ?
Mardi, 14 heures 30 : Faire les courses pour offrir plein de cadeaux franc-comtois à nos collègues espagnols qui viennent nous voir pour la dernière fois, poussés vers la porte du recyclage par la loi de l’efficacité aveugle. L’un d’eux est l’Homme le plus Gentil du Monde, alors forcément tout le monde en profite. Monde de merde.
Mardi, 20 heures 15 : Aller taper la balle jaune, avec le froid qui brûle la gorge et les vestiaires immenses qui semblent m’être exclusivement réservés. Recevoir un petit compliment du corps professoral tennistique ("Euh… là, tu joues 30"), ce qui fait toujours plaisir. Mettre quelques pains.
Mardi, 22 heures 20 : Aller boire un verre avec lesdits collègues espagnols au "Bar des Moines", seul endroit non-mort de cette ville-flan après 19 heures 28. Parler et rire un peu, ce qui n’arrive pas assez souvent ces temps-ci. Le rire reste le meilleur antidépresseur, avec le chocolat et Freak Kitchen.
Ne plus la lire, pour l’instant. C’est compliqué, parce que lorsqu’arrive la fenêtre du navigateur, la première url saisie relève du réflexe pavlovien. C’est dommage, car c’est uniquement à cause de quelques mots que je peux/veux pas lire, pour le moment. C’est triste, parce que mes écrits sont maintenant seuls, eux aussi. Mais c’est indispensable, pour ne pas être un frein, pour éviter de m’écorcher, pour réussir à faire la part des choses. Pour pouvoir garder tout le reste, cadeau précieux qu’il serait catastrophique de ruiner.
Repartir sur le fond. Continuer à faire ce que je sais faire, pas grand chose, mais m’y accrocher, pour réussir à croire qu’il ne faut pas me jeter à la poubelle. Croire à l’illusion des gentils qui gagnent à la fin. Arrêter d’attendre fébrilement que le carburant me soit apporté par le monde extérieur. Ne plus rien espérer, et prendre ce qui vient comme un don du ciel.
Il y aura ces jours où je ne croirai plus en moi, où je me trouverai à chier. Il y aura ces heures maudites, à penser à ce-à-quoi-il-ne-faut-pas-penser. Il y aura ces poings serrés, cette mâchoire crispée par l’impuissance à changer quoique ce soit.
Il faudra s’accrocher.
And you thought your sunday afternoon was to be sunny...
Deux pauvres accords, minables. Excalibur a pris l'eau, rien de plus ne sortira aujourd'hui, et ça suffira amplement à illustrer ce dimanche.
Comment faire. Que faire. L'oursin est là pour m'accompagner, lové à l'entrée de l'estomac. Dès le réveil. Naviguer à vue jusqu'à demain, veilleuses allumées, en attendant après-demain.
"Are you alive? How does it feel to be alive?" Oui, je me sens extrêmement vivant. J'ai un réservoir d'acide dans le ventre pour me le rappeler à chaque seconde. Comment supprimer tout ça, supprimer ces journées immondes. Effacer ces émotions, les refouler le plus loin possible. S'endormir un peu, mais se réveiller une heure plus tard pour remarquer avec étonnement que rien n'a bougé.
Plusieurs solutions se présentent, mais elles sont toutes plus inenvisageables les unes que les autres. Alors il faut attendre. Attendre, bordel. S'accrocher aux branches pour ne pas laisser s'échapper la self-esteem qui me reste. Serrer les dents, mordre son index. Je suis l'unique responsable. Tout ça vient uniquement de moi, de mes putain de neurones. Les effacer, les remplacer. Ecrire tout ça, l'expulser, parce que ça vaut mieux que de le laisser pourrir dedans. Et c'est le passage obligé pour pouvoir accéder aux moments de bonheur intense ?
Concert reviews are still boring.
D'abord 150 bornes. Des amis pas vus depuis longtemps. Mal à l'aise, parce que lui ignoble avec elle. Les p'tits gars gentils et attentionnés n'ont pas d'avenir, il faut devenir dur et indifférent si on veut avoir la moindre chance.
50 autres kilomètres pour acheter un troisième Robin afin de soulager la charge des deux autres. Je suis cerné par une armée de couples plus mignons les uns que les autres, affairés à meubler leur cocon douillet. Je ne reste donc pas une minute de plus que nécessaire et fuis au pas de charge.
Arrivée sur les lieux en solo, mange un sandwich au thon dans les gradins. Cave In, première partie passable, offrant un mélange de morceaux pops pêchus et de brit-black-metal duquel je ne saisis pas la subtile cohérence.
Descends dans la fosse pour l'arrivée du Bellamy All-Star Band. Peu de communication avec le public, puisqu'ils ont apparemment beaucoup de mal à prononcer "Srazbeurg". Muse n'interprète pas ses chansons, il les récite. Pas de surprise, donc. Seuls quelques moments dépassent du lot, notamment "Butterfly and Hurricanes" qui tient ses promesses sur scène, et un "Blackout" qui avait accompagné mes pas sur le ponton de Coney Island. Public dont la moyenne d'âge avoisine les 15 ans 3/4. Je me sens déjà vieux, en dehors, l'impression d'avoir raté le train, ou plutôt d'être tombé en marche, ce qui laisse des cicatrices à montrer.
Restent 200 bornes à faire dans l'autre sens, cassé en deux par le concert et une semaine very rock n' roll pour l'oursin. Minuit, lutte pour ne pas fermer les yeux, fais deux ou trois écarts. Je l'appelle à la rescousse. Trois quart d'heure de téléphone au volant plus tard (vous avez parfaitement le droit de m'insulter), le péage, les derniers kilomètres. Boîte aux lettres, répondeur, boîte mail aux abonnés absents. Mal de tête, mal au dos, mal au coeur. Dodo.
Passer quelques temps au téléphone, pouvoir partager un peu de tout ça, pour prendre un peu de recul.
Etre invité à diner chez un collègue, mais tomber de sommeil sur le canapé, avec un chat endormi dans les bras, vidé de ma substantifique moëlle par ces derniers jours.
Aller discuter le bout de gras avec quelques collègues de promo, venus en renfort soutenir un tout nouvel arrivant à SaucisseVille.
Take the highway. Eteindre un peu, pour voir.
Aller se coucher, pour gagner quelques heures de sommeil avant Muse.
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Puisque j'ai pu récupérer notre production de lundi, et puisque c'est ce à quoi je m'accroche pour l'instant, voici un nouveau morceau en chantier, au titre évocateur. Toujours pas de nom de groupe ("Au fait, les gars, il faut un nom pour le groupe". "Pas Maintenant". D'où "Pas Maintenant" dans les ID tags des mp3). Mais de puissantes vibrations quand l'ampli basse ronfle dans mon dos et que l'improvisation donne le frisson.
Et beaucoup de rires aussi, quand on a un guitariste qui aime dire "enculé" et un batteur très joueur...
La brûlure est là, sur mes phalanges, dans mon estomac, marquée au fer rouge dans mon cerveau. Un peu de chaleur s’en dégage, douleur qui s’en échappe à petit feu. Répliques régulières qui suivent le tremblement de terre. Ca n’est pas le premier, je suis assis en permanence sur une faille tellurique.
C’est une douleur très simple, de ces froids très secs qui n’offrent pas de prise. Ca n’est pas de la rancœur. Je n’ai pas de regrets, de colère. Ses mots n’étaient pas là pour faire mal. Ses actes non plus. Mais je suis un petit enfant-huître, et c’en est un peu trop pour moi. Alors j’explose, parce qu’il y a cette impression de déjà-vu, parce qu’à force d’encaisser, un jour on casse en deux, branche de bois desséchée sur lequel un pied délicat est venu se poser. On marche dans son salon comme un lion en cage, on lance toutes ses forces et tout son poids dans le mur bétonné. Petit bruit mat.
Respiration saccadée, oreillettes et ventricules qui pompent à qui mieux mieux. Elle est là, au téléphone. On tremble sur ses fondations, on a les mains qui brûlent, on a la bouche sèche, on lui crie de toutes ses forces qu’elle n’y peut rien, qu’on n’y peut rien, mais que le sort a voulu que ça me tombe dessus et qu’il faut l’encaisser, encore.
On se vide, on voit la pression redescendre sur le manomètre. On va se coucher.
On traverse cette journée sans la voir passer, à se mordiller les joues devant son écran. Ce soir, les mains tremblent à nouveau, légèrement, quand on se reparle. On l’écoute, on ne comprend pas tout, mais on essaye d’être là quand même. On lui dit qu’on serre les poings en attendant que ça passe. Qu’on va passer quelques jours sans le son de sa voix. On se rend compte qu’elle compte toujours autant, mais d’une autre manière.
Alors oui on va serrer les poings. On l’a déjà fait, on va le refaire, en espérant toujours que ça ira mieux plus tard.
Comme Jill, j’aimerais avoir quelques comprimés de H.L.V. Deux rouges, de ceux qui effacent la douleur au papier de verre. Mais le H.L.V. n’existe pas. Faire face, encore et encore.
[Fait quotidien d'avant l'orage]
Entendu hier soir, avant une séance de Michel Vaillant, oeuvre impressioniste sur la course automobile. Pub EDF :
Dans l'absolu, si tous les électrons faisaient grève et arrêtaient de concert leur rotation autour des nucléons, on serait tous dans une merde noire. Mais je ne pense pas que c'était là le propos de ces publicitaires lumineux qui, du fond de leur tour d'acier et de verre à la Défense, n'imaginent même pas la vie sans leur pocket pc.
Quand vous aurez fini de prendre les gens pour des cons, vous me ferez signe. D'accord, j'ai mal à l'oursin, et vous pouvez essayer d'en profiter, en même temps que les vieux impuissants au volant de leur BMW Serie 7 qui m'octroient appels de phares et collage au cul parce que j'ose rouler à 50 en agglomération.
Mais attention, un jour prochain, j'arrêterai de me retenir, et j'irai vous hurler à la gueule tout le bien que je pense de l'Humanité.
Merde.
On trébuche, en rentrant d'être allé taper la petite balle jaune. Vestiaires froids et vides. Vouloir socialiser avec de nouveaux partenaires de n'en ayant visiblement rien à foutre. Autoroute abandonnée, où je m'imagine tous ceux qui comptent fuyant dans le sens opposé à mes déplacements. Accès de solitude aigüe. Emotions refoulées qui remontent à la surface. Larmes, cris. Angoisse quand je vois ce que je suis capable de faire.
On se rétame, en apprenant quelque chose qui fait très mal. Je donnerais tout pour qu'il y a un an, les choses se soient passées de cette manière. La franchise est un cadeau précieux, même si sur le coup, elle fait un mal de chien. Alors encore des larmes. Je pensais ne plus en avoir pour la soirée.
On se relève, on bidouille du blogger et du ftp toute la soirée avec elle à l'autre bout du fil. I feel good. We feel good, if I dare say.
Je serai là, parce que je ne pourrai pas m'empêcher d'être moi-même. Elle sera là, pas trop loin, pour me rappeler que les gentils gagnent à la fin.
Ca se complique.
The Broken Arm Song continue son chemin. Ce soir, elle a gagné une batterie, une deuxième guitare et un nouveau souffle. Elle arrivera ici dans quelques jours sous son nouveau visage, comme pour accompagner le processus de guérison. « La musicothérapie au service de la fracture ouverte », dit Sanseverino.
Les watts, les reprises de Coldplay et les nouveaux morceaux, pour oublier que je n’aurais pas dû être ici ce soir. Radiohead est en plein show, à 500 bornes de là. Elle m’en fait partager un petit bout. Même si ça fait extrêmement plaisir, il m’est difficile d’occulter la légère brise de mélancolie qui m’effleure.
Toujours au son du Natural Disaster (on ne change pas une équipe qui gagne), il est trop tard quand j’arrive à identifier le goût du sang sur mon palais. Se mordre la langue sans s’en rendre compte. Pourtant pas d’oursin à l’horizon, ni d’angoisse au fond de la gorge. Juste l’étui d’Excalibur, un peu plus lourd à porter qu’à l’aller .
Tout ça n’a pas d’importance. Rien ne viendra ébranler ma toute nouvelle confiance en moi.
J’ai foi en l’avenir.
Concert reviews are boring
Olivia Ruiz, ex-Starac’ qui a mis deux ans à sortir son album, sourit peu mais s’accroche à une identité musicale plus forte que la moyenne des potiches télévisuelles. J’aime bien.
Pour Jean-Luc Le Ténia, une guitare, 3 accords et deux phrases répétées pendant une minute trente, ça fait une chanson. Ses textes décalés ("La montagne, c’est froid", "Ludwig Von Bethoven fronce les sourcils", "Je suis l’âme du Mans", "Je suis contre le cannabis") et sa gestuelle à la Darry Cowl créent une connivence entre le public et ce looser magnifique. J’aime bien.
Hawksley Workman est beau, chante bien, écrit de belles chansons, joue bien de la guitare, a du charisme. Son groupe a un son rock qui fait du bien aux esgourdes. Les femmes sont folles de lui, même si Jean-Luc Le Ténia nous a soutenu "qu’il valait 1000 fois mieux que lui". J'aime bien.
Deux bons concerts en deux jours. Qui a dit qu’il ne se passait rien à Flanville ? Moi.
En ce gris dimanche, l’ambiance est moins délirante. Achat de petits pains au chocolat et France-Angleterre déprimant avec Lolo l’ami des stars (oui, j’ai honte). Dans la voiture, la pluie marque la mesure de "A Natural Disaster", quand Anathema transcende le Floyd. Les routes sentent le dimanche matin, et à 100 sur l’autoroute, personne ne me dépasse, à part un Allemand qui n’a pas dû apprendre à lire les chiffres arabes. C’est moi ou le Français Moyen a entendu l’appel salvateur de la répression sur les routes ?
Quelques tâches administratives, un peu de musique avec mon gratteux (mise en place de « Yellow » pour répèt de demain soir). Un ciné avec nouveau collègue de promo fraîchement débarqué dans ces contrées humides, et qui m’a appelé au secours lorsque l’image d’un premier week-end Montbéliardais en solo s’est concrétisée dans son esprit.
Allons sur le balcon, nez au vent, siroter un morceau de chocolat trempé dans un café. Y’a pas de mal à s’octroyer un petit remontant, non ?
J’aurais voulu faire mieux, mais après 53 prises, c’est tout ce que j’ai réussi à faire. Excalibur est hors de cause, je suis le seul responsable. C’est plein de pains, la moitié des battements tombent à côté du temps, mais je voulais la finir aujourd’hui.
Alors la voilà, pour te souhaiter un prompt rétablissement : "The Broken Arm song".
It’s alright.
Ce soir, j’avais commencé par apprécier mollement le ska-rock-reggae de Kinky Beat. Dans ce café concert aussi grand que ma cuisine, l’ambiance monte, ce qui, au dire de mon batteur préféré, est assez rare pour être apprécié. Toujours en retrait, je tape du pied, dodeline de la tête. Et puis merde. J’avance au milieu de la foule en délire, oubliant mes gestes gauches et mon pas de danse ridicule. Honnêtement, je m’amuse, et je n’en ai rien à foutre
Il y a six mois, j’aurais passé la soirée au fond de la salle, observant tout cela d’un œil blasé, trop replié sur moi-même pour quoi que ce soit. Aujourd’hui, j’ai avancé. J’ai (re)gagné confiance. Une confiance qu’elle a su me rendre, même si la belle histoire s’est arrêtée en chemin.
Mais on ne se refait pas. Lorsqu’a retenti "Disappear", cet après-midi, le souvenir de premières larmes, sur la route de Bâle, est venu me caresser doucement, sans violence.
"I gave you my hand
I said it’s OK, letting go
Time to leave here
And I’ll carry on
The best that I can
Without you here beside me"
No more tears. Just a smile on my face.
Comme la trottinette sur les pavés du Roubaisis, j’avance. La tranchée difficile se trouve à la sortie des bureaux, quand la nuit est déjà tombée depuis plusieurs heures. Il faut faire les courses, siffloter le dernier Dream Theater avec rage pour éviter de serrer les dents au rayon surgelés, rentrer sur les routes désertes.
Le monde ne s’est pas écroulé. Je suis moins esseulé dans cette ville qu’il y a un an, même si le nombre de ceux que je peux appeler à la rescousse reste pour l'instant limité à une poignée de deux irréductibles. Ce soir, la voiture à peine garée, mon téléphone sonne : mon guitariste me convie à une répétition improvisée. 2 heures 30 de musique plus tard, l’union derrière les accords est retrouvée, un bon titre en boîte. On se revoit vendredi, pour un concert à Evette-Salbert (oui, moquez-vous des noms de patelins ridicules, c’est fait exprès). Vivement nos gigs à nous, moment extatique où le public répond à votre propre musique.
Non, la douleur ne me cloue pas au sol. J’ai vécu une belle histoire. Elle le restera. Je sais que je peux à nouveau m’emballer. La fin était belle, je n’aurais pu la rêver meilleure. Le début aussi, quand les étreintes pouvaient faire croire à tout. Je veux la revoir, parce que passer du temps avec elle m’est agréable, parce qu’on a beaucoup à partager. J’espère qu’elle aussi. Mais pas maintenant, parce que la rechute serait plus que certaine.
L’image qui restera gravée : hier, Gare de l’Est, son pull turquoise, son sourire et sa dureté mêlées. Goodbye to you girl, so long, farewell.
"Hello, Mirror – so glad to see you my friend, it’s been a while"
Les sentiments, les émotions remontent peu à peu à la surface. Je n'en ai pas fini. Il faut aller affronter le monde extérieur, avec l'image que m'a renvoyée le miroir ce matin. Alors allons-y.
We’ll meet again my friend, someday soon.
Yeah, it’s over now. She must be having dinner with a bunch of collegues, innocently joking about this and that.
Je suis censé passer le week-end prochain à Paris, voir Radiohead avec elle lundi soir. Mon cœur me dit d’y aller, ma tête me dit non. J’aime me flageller, pourtant. Je préfère ne pas penser aux semaines qui viennent, au plus rien de prévu, à l’enfilade de week-ends Flanvillois qui se profilent à l’horizon. Le spectre de l'hiver dernier se rapproche, quand le sport et la cancoillotte chaude avaient remplacé les étreintes. Quand l'écroulement du pilier central m'avait plongé dans le vide interstellaire, rempli à la force du poignet après plusieurs mois d'efforts. "Ca va faire bizarre, ne plus avoir d'allié pour le quotidien". Il va redevenir aussi dur qu'il peut l'être quand il n'est pas partagé. Ca n'est pas à moi qu'il faut le rappeler.
La journée n’a pas été désagréable, loin s’en faut. Ecouter un peu de musique, faire quelques courses à la recherche du steack haché qu’on ne trouvera jamais, rencontrer une épicière à moustache haute en couleurs, rire, être complices. Dans un grand moment d’improvisation, organiser une entrevue impromptue avec un fan de Jean-Patrick Capdevielle et une archéologue de Spandau Ballet - no offense :). J'ai apprécié leur rencontre, de ces moments qui m'animent, et qui font que mon sac pèse si lourd à la descente du train.
Devoir les laisser, alors que mes mains se mettent à trembler, sachant la fin proche. Prendre un billet. La serrer encore, jouer la montre, gagner de précieuses secondes de tendresse. Me déchirer en deux. Le prendre, ce putain de train, passer 4 heures dans ce putain de compartiment. Ressentir l’arrivée dans toute les parcelles de mon corps comme une hérésie.
Se relever, encore. Panser les plaies, respirer. Refaire le plein, nécessaire à l'effort permanent que nécessite la vie sociale francomtoise, tant il faut en gagner chaque parcelle à l'énergie.
La revoir, un jour prochain.
I’ve got a whole lot of nothing, nothing going on.
Devrais toujours réparer le PC de mes théâtreux, puisque dois le remettre en place demain midi. Ne peux pas me débiner et les envoyer chier, n’y arrive pas, n’y arriverai jamais. C’est heureux. Peu de sommeil en perspective. Dans le lointain, un reportage d’Envoyé Spécial sur les agences matrimoniales pour occidentaux cherchant femmes de l’Est, au son de "Playground Love". Glacial.
La démotivation professionnelle guette. Me sent seul dans mes combats, et lorsqu’il faut rallier à ma cause le reste de l’équipe, mon agent du KGB me laisse tomber comme une vieille merde. Heureusement, Tonton Stéphane est là pour l’ouvrir bien grande quand il faut, c’est rassurant.
Répétition ratée, foirée, vide, kaputt. Un premier quart d’heure enthousiasmant, j’avais retrouvé l’Envie. Après, notre guitariste a lâché prise, fait état de son questionnement sur notre « direction musicale ». Merde, au lieu de jouer et de laisser les choses venir. Suis-je donc le seul enthousiaste naïf sur cette foutue planète ? Sur la route du retour, départementale déserte et brumeuse, je me dis que ces soirées manquées sont là pour rehausser les autres, que le flou artistique actuel est le terreau qui nourrira le futur. Mmmouais.
Arrivé dans mon antre, un mail m’attend. Un message qui fait se réveiller mes glandes lacrymales. C’est bon de savoir qu’ils sont là. Leur expliquer, et m’expliquer d’abord, le pourquoi du comment de la tempête qui agite le verre d’eau à moitié vide (ou plein, c’est selon) qui clapote dans ma boîte crânienne.
Allons faire face à nos responsabilités de réparateur informatique…
Jusqu'à hier soir, mon carrosse avait de jolis enjoliveurs. Encore un drame de la délinquance dans les campagnes. Mais que vais-je devenir sans cet indispensable signe extérieur de réussite sociale ?
Descent the shades of night
Devrais réparer le PC de mes théâtreux, mais suis en grève. Ne jamais dire que vous êtes soi-disant informaticien, on vous ferait faire tout et n’importe quoi.
Peu à peu j’émerge de ma torpeur, et les rushes d’influx nerveux, circulant rapidement entre mon bulbe rachidien, mon myocarde et mon estomac ont repris leur activité. L’hiver Flanvillois, qui m’avait cueilli à froid lors de mon retour forcé, s’est rendu compte qu’il avait un peu d’avance sur le planning, et a fait place à un automne roux et doux, à l’unisson de ma placidité.
Démotivé par mon chef - agent du KGB, je traîne les pieds pour aller dépatouiller du code pissé à la bite et au couteau par des collègues peu scrupuleux pour leurs successeurs. Me suis littéralement endormi devant l’écran, réveillé à temps par le téléphone. Bonne poire ‘til the end of all times : pourquoi toujours me laisser embarquer dans les plans foireux dont personne ne veut ? Naîveté ? Connerie ? Gentillesse ? La limite est ténue…
Me suis laissé embarqué par Tonton Stéphane pour une séance pop-corn-Matrix-Revolutions. N’ai rien à en dire, mais pas pour les mêmes raisons qu’Elephant. J’ai déconnecté le cerveau en entrant dans la salle, puis l’ai rebranché en sortant. Des passages pathétiques, de la bonne grosse bataille qui tache et une fin messianique à pleurer. Ai ensuite cuisiné quelques nouilles, accroché au téléphone, into the Vortex. Longue soirée téléphonique et nouvellestechnologique, qui va m’amener à un nombre d’heures de sommeil limité mais salutaire. Il semble que la fatigue, lorsqu’elle est contenue, agit comme un élément nécessaire à mon équilibre. Je la connais depuis quelques années, et me sens absent sans elle. Let’s fuckin’ sleep, though.
Devant la deliquescence manifeste de cet endroit, et en attendant que la production devienne moins affligeante,
Cariboo is paused.
Grâce à Les Autres et moi :
Sur le même principe que pour les livres :
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- Tool (Mais ça met un moment à venir)
- Deftones (Pour "White Poney")
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- HIV+ (Negatif)
- Dream Theater (Nouvel album le 11. Je re-exulte.)
- Placebo (Pour faire bien)
Et on rajoute :
- Alice in Chains (RIP Lane, c'est bien dommage)
- Patricia Barber (Jazz magnifique et non-masturbatoire)
- Slayer (Agression pure)
- Rachmaninov (Romantisme pur)
Oui, bon, d'accord, mes écrits décrépissent et je devrais aller bosser...
Sleep, baby, sleep.
Le sommeil s’empare de moi. Toute cette journée, la fatigue m’a étreint, et comme rien n’est venu la perturber, elle en a profité. Dès qu’un moindre relâchement se fait sentir dans mon emploi du temps, l’adrénaline fuit, laissant place à une douce torpeur. Les semaines à venir me laisseront peu de répit, c’est heureux.
Dans la baignoire bouillante, je lis quelques pages au son de "Porcupine Tree". I don’t feel particularly "low", seulement un peu mélancolique et angoissé. Le pire, c’est que je suis d’un naturel rieur, profitant des bons moments qui me sont donnés. Là, ce sont les éléments qui sont contre moi. Même les francomtois l'admettent : Flanville, c'est le pot de chambre de la France, l'isolement kilométrique en sus.
Mon batteur aura la bonne idée de venir m’empêcher de repasser. Je lui fais écouter diverses pépites qu’il apprécie, il m’en apportera autant la prochaine fois. Et il connaît Medeski Martin & Wood. Ca y est, je le tiens, le Flanvillois exceptionnel.
Anesthesia (Pulling Teeth)
Debout. Yaourt sur radiateur devant match de rugby. Quelques heures à la Firme, squattant le bureau du Grand Délateur, aussi fâché que moi avec le politiquement correct. On va le payer, mais c'est pas grave. J'avais amené les petits pains au chocolat, un petit café, un peu de vitamines. Déjeûner dans pizzeria-Auchan, spectacle réjouissant d'Alsaciens amorphes achetant chrysanthèmes violets ou jaunes pour honorer leurs défunts et fleurir leur conscience.
Interdiction de penser. Anathema, Pink Floyd, Spock’s Beard mis à l'index. Machine Head et "Imperium", sur la Cariboo Radio, tourne en boucle, expulsion facile de l’oursin. Le duel de twin guitars, à 4:42, ne manque pas sa cible. Caution, heavy stuff.
L’après-midi s’écoule lentement, un morceau de "Demonlover", vu en tranches ; assoupissement sur canapé, engourdissement total ; confection de tracts de théâtre, sous l’égide de ma maman d’ici ; aller chercher un autre DVD pour demain chez Video Beauf : ça sera "L’homme sans passé".
Alors qu’il faut choisir un CD pour ces quelques minutes de marche, je flanche devant "Judgement", Anathema of course. Je chante "Deep", à pleins poumons, sous l’œil indifférent des Flanvillois dépassés. J’avais réussi à empêcher mon cerveau de fonctionner jusque là, mais forcément, ça ne marche plus. Alors que ça pourrait être facile, ça ne l ‘est pas. Alors que, au hasard des rayons, je voudrais craquer sur cet album de Jay Jay Johanson qu’elle n’a pas, je me l’interdis. Flood. Fuck.
Ce soir, mes deux invités m’aideront dans ma tâche d’oubli. No more tears. Demain, mise en musique de mon cerveau sur Excalibur. Mais qu’est-ce que je ferais sans elle ?
Ce matin, je mets "Bloody Kisses" de Type O Negative, exhumé du fin fond de ma discothèque. Je parcours le livret (sport favori) et tombe sur l'épitaphe suivante :
Merci, Peter.